"Son visage porte les séquelles du vice et de la laideur. Elle est déformée par l’huile de la lampe, trop abondamment consumée. Je l’imagine au milieu de la paperasse, faisant couler la cire des bougies innombrables sur ses mains, dessinant des souffrances, brûlant la peau. Ses mains deviennent écorces, la cire n’est plus enveloppe mais peau.
Elle prononce des incantations, elle fait couler de l’huile brulante sur son visage, elle se déforme, elle danse des danses macabres en voilant sa fenêtre, elle grimace plus qu’elle ne souris, et porte des habits d’un autre temps.
Je jouis souvent en pensant à elle, parce qu’elle m’horrifie aussi bien qu’elle m’exaspère, je la sens en moi comme la femme traumatique, toutes les femmes, celle qui à elle seule peut combler ce penchant. Rien qu’embrasser son visage disgracieux, lécher ses lèvres pour en tirer une sève. Elle est sexuelle sans le savoir, touche mon point sensible, tranche et se lit dans mes viscères, comme la médium bon marché qui dit notre vie de feuilles de thé, je la porte non pas comme mon avenir, mais comme mon destin, ma fatalité, bien profond, enfoui, insaisissable dans ce labyrinthe des tripes et d’organes, je la porte."
J'écrivais ça il y a quelque temps. Maintenant c'est pire. Mes hallucinations ont redoublé, elle apparaît, fugitive, au détour de tous mes chemins. Je conduisais, et chaque fois j'avais l'impression qu'elle se trouvait au milieu de ma route. Sa main se posait sur ma main. Mais je suis seule, et je la tue dans chaque rêve. Son corps me brûle.
Mes délires de succubes. Je crois que ce tableau est de Fussli.
Surprenante écriture... Dans le beau sens du terme...