Turbulence - "Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore luit"http://turbulence.cowblog.frIrritation et enthousiasme. Quelques remontées, des délires irréparables, des soirées gâchées.CowblogfrSun, 27 Feb 2011 18:33:11 +0100180http://turbulence.cowblog.fr/des-glacons-et-des-femmes-3089660.htmlDes glaçons et des femmesC’est ma première femme. Quand nos doigts s’emmêlent, je tremble. J’ai les organes en feuilles d’automne. Les cafés, les chemins partagés, tout a un aspect de déjà vu surimprimé d’angoisse. Elle raconte sa vie, je l’écoute en suivant les bourrasques de ses boucles, jusqu’au cou, les courbes des épaules qui continuent sous sa chemise. Chaque fois qu’on se retrouve, elle prend plus de place. Puis elle m’appelle, me pèse au quotidien.

Dès ma prime enfance, je pensais aux filles.  Je languissais pour les garçons féminins, et me trouvait bouleversée chaque fois qu’ils s’avéraient être des femmes. Comme si ce n’était qu’un jeu de dupe. J’avais rencontré des personnes ambigües, je n’avais jamais mis en doute ma normalité. C’étaient des goûts un peu spéciaux, parfois erronés. Tout le monde se trompe, occasionnellement.

Elle, c’était la première.  Le temps avait coulé sous les ponts, les barrières s’étaient ébréchées. Longtemps dans mes nuits se dessinaient les courbes de celles qui me faisaient douter, qui m’avaient avoué des choses à demi-mots. C’était mon plus grand fantasme, et, c’était là que je me saisissais.

Chez elle, nos tissus en vrac, j’ai eu la révélation. Comme ça, au moment où je lui donnais du plaisir : par inadvertance. C’était ça mon rêve ? Cette blonde inhumaine, criant et agrippant mon corps ? Je n’aimais pas cette femme. Un automate m’aurait fait plus d’effet.

Je sortis vite et pris un café, quelques stations de métro plus tard. La tête entre les mains, je dessinais des arabesques dans ma tête. Alors je serais aussi une femme perturbée dans cette orientation là. J’ai haï chaque homme fréquenté. Cette femme m’a jeté un tel froid au cœur. Le serveur  apporte un grand verre de citronnade avec des glaçons qui cliquètent au rythme du pas.

« Ce n’était pas la bonne, une fois de plus, c’est tout ! 

- Et comment tu expliques ça ? Je suis rentrée en courant, à m’en tuer les jambes, en criant, et j’ai pleuré longtemps. Je ne voulais plus sortir. Comme à chaque désillusion, je ne vois d’autre exil que : dormir, m’étendre dans la pièce, et tout assombrir. Ne plus jamais répondre au téléphone.

- Une fois de plus, te revoilà dehors. Ce n’était pas la bonne, voilà. »


http://turbulence.cowblog.fr/images/020.jpg

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3089660.htmlSun, 27 Feb 2011 18:33:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/des-glacons-et-des-femmes-3089660.html
http://turbulence.cowblog.fr/ascension-3084220.htmlAscensionElle monte. Offensée, dans ce monde qui lui est habituel, dans son ordre et ses petites manières.

Le tabac encore fumant s’écrase ça et là, un nombre improbable de verres remplis et de verres vides occupent l’espace. Du verre brisé et des amours éthyliques.

Elle monte. Décidée à voir, ce qu’on en a fait, ces années accumulées ici.

Les couples remuant, les canapés imbibés, les corps et les choses s’emboitent. Un tableau est crevé, sur lui un sceau de rouge pour lèvres et quelques mouches.

Elle monte. Et ses yeux, et ses mains, dans sa tête, la colère tremble.

A l’étage suivant, un garçon bave sur le tapis, endormi à même le sol. Un petit tas de quelque chose brûlé sur la table. De l’argent qui sort de la poche d’une fille.

Elle monte.

La maison est une dentition cariée. Ceux qui la peuplent s’en nourrissent, elle les absorbe.

Elle monte.

Mais jusqu’aux toitures il y aura des corps.

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3084220.htmlSat, 05 Feb 2011 13:01:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/ascension-3084220.html
http://turbulence.cowblog.fr/nous-fumes-en-emoi-3082494.htmlNous fûmes en émoi
Je dormirais bien cinq ans, pour voir.
]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3082494.htmlSat, 29 Jan 2011 21:33:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/nous-fumes-en-emoi-3082494.html
http://turbulence.cowblog.fr/les-arbres-avaient-une-langue-3079621.htmlLes arbres avaient une langue

" "Oh ! non, ce n'est pas l'Esprit que j'espérais dans ma fureur; : "Celui qui toujours dit Non." Le voilà qui dit un oui d'amour d'ivresse et de vertige... Qu'a-t-il donc ? Est-il l'âme folle, l'âme effarée de la vie ? On avait dit: le grand Pan est mort. "

Michelet, La sorcière

Mondinohttp://turbulence.cowblog.fr/images/023bis.jpg

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3079621.htmlWed, 19 Jan 2011 20:44:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/les-arbres-avaient-une-langue-3079621.html
http://turbulence.cowblog.fr/sex-and-gris-gris-3078708.htmlSex and "gris-gris" On est tous persuadés de temps en temps d'être un peu plus lucides, un peu plus cruels. On emploie tous les mots pour dire n'importe quoi, parce qu'apparemment ça sonne bien, parce qu'on a pas pensé à ce qu'on voulait dire avant de le dire. On raconte tous n'importe quoi. Et on est tous déprimés, un peu aigres à la vie, alors qu'il faudrait violer la joie. Entrer dans le bonheur sans droit, à rebours de ce que nos jours ternes voudraient nous faire être. On le sait, aussi.

Je ne sais pas spécialement comment dire les choses. Demain je ne rejoindrais pas cette fille encore, j'ai ces petits riens qu'elle m'a prêté pour un jour supplémentaire, je peux vivre mes fantasmes avant de la revoir. Avant de sentir comme une vitre entre nos corps. Perdre tous mes moyens, sembler plus déséquilibrée que jamais. Sans sa présence, je suis heureuse avec elle.

J'alimente la machine un peu, la fait boire beaucoup. Contrairement aux plantes, ha ha. Ce sera mon anniversaire, et je vais réunir pour me prouver que j'ai grandi, toutes les personnes de mon passé et de présent. Mais pas elle, bien sûr, pas elle parce que je ne dois pas l'inviter, parce que si j'ai bu, je vais être équivoque. Voyons, une personne comme moi, jamais ! ... Il y aura plusieurs garçons, à eux tous, je ne sais pas combien d'années de ma vie ils représentent (ils sont peu pourtant). Il y aura d'autres garçons, et les filles que je n'ai jamais aimé de passion. Celles que j'ai embrassées, celles qui m'ont désirée. A elles toutes, elle ne représentent rien, je n'ai jamais assumé les filles qui me plaisaient vraiment. J'ai couché avec les garçons qui m'ont croisée. Je me sens double(: hypocrite).

Je me suis trouvé un nouveau fétiche. De ces objets-lubies que j'ai tout le temps. Il me fait penser à elle. Personne ne le remarque. J'aime bien.]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3078708.htmlSun, 16 Jan 2011 22:04:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/sex-and-gris-gris-3078708.html
http://turbulence.cowblog.fr/bon-appetit-shaman-3078358.htmlBon appétit Shaman Je voudrais bien que mon apparence dise: voilà, ça, c'est moi. Qu'entre les études, les transports et la vie tourmentée, je me donne du temps pour me ressembler. J'aime les écrans de fumée, les totems et les voyages initiatiques, j'aime la spiritualité que je ne trouve pas, les voiles au fenêtres, les habits d'un autre temps, j'assume mes idées bizarres, je les dis aux autres, j'essaye de trouver qui je suis. Je cherche à me donner toujours exactement. Je voudrais pourtant être initiée, connaître les rituels modernes, pouvoir plonger doucement ma main en moi, donner ce que j'ai à donner, et avoir l'impression que ma vie est toujours là où elle devrait être. 
Vous connaissez un moyen de vous ressembler plus que ça ? Je me sens déplacée, c'est comme si au fond, je n'avais pas le cran, le cran d'arrêt. Je persiste à m'habiller pour plaire, non pour me dire, je refuse les oripeaux excentriques, je tais mes passions parce que je ne veux pas "avoir l'air de". Mon plus grand fantasme, mais alors, encore plus grand que la fille dont je parle tout le temps, c'est de pouvoir découvrir quelque chose où je ne me sentirais pas en retrait, vivre un moment sans recul, dans le pur présent. Les vrais voyages initiatiques, les miens sont tous urbains (dans ma tête, je dis "mes utopies urbaines"; et pour parler de mon milieu social je dis "l'utopie populaire").

Vous comprenez ? Je me sens comme une imposteur, plus les jours suivent les jours, plus je suis loin de moi face aux autres. (C'est peut-être parce que j'écris ?)

http://turbulence.cowblog.fr/images/Bael.jpgLui, c'est le dieu Bael, ou Baâl. J'ai supprimé mon article précédent parce qu'il était grave pompeux: trahison, les mots bidons avaient tu la perte de mon identité réelle, ça ressemblait à de la fiction métaphysique bas de gamme. Gloups.

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3078358.htmlSat, 15 Jan 2011 15:16:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/bon-appetit-shaman-3078358.html
http://turbulence.cowblog.fr/subversive-3078017.htmlSubversive Janis

La fille est malade, absente, disparue. L'obsession de mes nuits et jours. Je dévore constamment les petits objets qu'elle m'a prêté, désinvolte. Ses brûlures sont mes armes. J'ai passé la journée, du coup, d'une humeur exécrable. 
Les Marcheurs sont revenus hanter mes nuits. J'imagine ces filiformes, leur glissement, ils passent chaque jour près de ma fenêtre quand je travaille. Images du monde moderne, ré-âmés. Mes pénates de location: le bureau, la petite pièce, la vue sur les routes, pour quelques mois encore.


]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3078017.htmlThu, 13 Jan 2011 22:21:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/subversive-3078017.html
http://turbulence.cowblog.fr/nos-liens-sont-sans-attaches-3077462.htmlNos liens sont sans attaches http://turbulence.cowblog.fr/images/800pxHysteria.jpg


- Non, en fait je me demandais... Pourquoi tu la poursuis ?
- Nos liens sont sans attaches.
- Elle t'a prêté sa bague ?
- Je lui ai dérobé en m'excusant. Elle s'en fiche.
- Elle sait comme tu psychotes sur elle ?
- ...
- Une bague verte. Quelle idée. Tu la mettras sur ton autel, avec toutes les choses d'elle que tu as encore ?
- Jamais. Nos liens sont sans attaches.

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3077462.htmlTue, 11 Jan 2011 22:28:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/nos-liens-sont-sans-attaches-3077462.html
http://turbulence.cowblog.fr/paiennes-3077000.htmlPaïennes"Son visage porte les séquelles du vice et de la laideur. Elle est déformée par l’huile de la lampe, trop abondamment consumée. Je l’imagine au milieu de la paperasse, faisant couler la cire des bougies innombrables sur ses mains, dessinant des souffrances, brûlant la peau. Ses mains deviennent écorces, la cire n’est plus enveloppe mais peau.
Elle prononce des incantations, elle fait couler de l’huile brulante sur son visage, elle se déforme, elle danse des danses macabres en voilant sa fenêtre, elle grimace plus qu’elle ne souris, et porte des habits d’un autre temps.

Je jouis souvent en pensant à elle, parce qu’elle m’horrifie aussi bien qu’elle m’exaspère, je la sens en moi comme la femme traumatique, toutes les femmes, celle qui à elle seule peut combler ce penchant. Rien qu’embrasser son visage disgracieux, lécher ses lèvres pour en tirer une sève. Elle est sexuelle sans le savoir, touche mon point sensible, tranche et se lit dans mes viscères, comme la médium bon marché qui dit notre vie de feuilles de thé, je la porte non pas comme mon avenir, mais comme mon destin, ma fatalité, bien profond, enfoui, insaisissable dans ce labyrinthe des tripes et d’organes, je la porte."

J'écrivais ça il y a quelque temps. Maintenant c'est pire. Mes hallucinations ont redoublé, elle apparaît, fugitive, au détour de tous mes chemins. Je conduisais, et chaque fois j'avais l'impression qu'elle se trouvait au milieu de ma route. Sa main se posait sur ma main. Mais je suis seule, et je la tue dans chaque rêve. Son corps me brûle.

http://turbulence.cowblog.fr/images/773pxJohannHeinrichFussli014.jpg Mes délires de succubes. Je crois que ce tableau est de Fussli.

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3077000.htmlMon, 10 Jan 2011 19:01:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/paiennes-3077000.html
http://turbulence.cowblog.fr/classement-3076696.htmlClassement
Le garçon effaré m'a dit: mais c'était décevant, le voyage en Ecosse ? Le voyage. Comme si ce n'était ni tout à fait le mien, ni tout à fait extérieur à lui, en un mot il mythifiait la chose. Ce n'était plus mon évasion déçue, ma fascination face à des villes et des campagnes chaque fois plus exacerbées, déprimantes par leur bouillonnement, vivantes de tout leur médiéval. Le voyage, c'était ce dont j'avais parlé, mes projections, mes racontars sur le retour, c'était une idée spéciale du voyage, qu'ils avaient tous vu à travers moi.

Je ne peux pas parler de ce voyage parce que je suis restée là-bas, autant que j'y ai abandonné mon amie. Elle m'a tuée là-bas. L'Ecosse c'était la vie, elle et moi c'était tout sauf la vie. Alors le voyage a fini elle et moi. Je suis morte en Ecosse. Sauf ce germe en moi. Ce grain. Cette envie folle, cet espoir, ce qui me secoue les tripes, me pend au cou, et entraîne mon corps. Cette vie qui pique, qui pétille, qui explose ! Ce bond, cette implosion. Ce cri. 
En fait, tu m’as brisée. Tu as tué le morne en moi. Je suis un cri, toute entière. Je suis la vie. Tu as été la germination de ma folie et de mon envie de vivre.
Si l’on ouvrait mon ventre, là telle que je suis, d’un coup de poignard, de haut en bas, « éventrer », purement, il n’en sortirait que de la lumière. Eclatante. Je bous de vivre. Toujours plus. Dégrafer les liens. Et courir jusqu’à rejoindre cette magie première, hurler et courir pour nouer à moi la vie. 

]]>
http://turbulence.cowblog.fr/commentaires-3076696.htmlSun, 09 Jan 2011 23:25:00 +0100http://turbulence.cowblog.fr/classement-3076696.html